Les professionnels de l’accompagnement constatent chaque jour combien le développement de l’entrepreneuriat répond aujourd’hui à des aspirations très variées*.

Le créateur est pris entre mille feux. Comment se prévenir de certains risques nouveaux ?

Le risque des Entrepreneurs solo : être «ubérisé», dépendant d’un seul donneur d’ordre sans avoir construit son propre business.  Travailler seul, quel que soit le statut, concerne de plus en plus de créateurs. Cette population hyper impliquée qui cherche du travail sans avoir souvent développé ses compétences commerciales et marketing se retrouve en concurrence parfois effrénée. Consultants et formateurs sont ici à la même enseigne que les artisans et prestataires de services.

=> moyens pour s’en prémunir : alignement personnel et professionnel, réflexion marketing, se former au commercial. Est conseillé de découvrir comment l’éclatement du monde salarial permet aux indépendants de créer une micro équipe sans s’enchainer au recrutement de salariés. Il faut juste pour cela disposer du cash nécessaire pour anticiper, du courage, du temps et … le bon ajustement de l’équipe.

Le risque des start-up : être obligé de vendre l’entreprise sous contrainte d’asphyxie financière (se développer coûte très cher et il faut parfois 3 ans pour « trouver son marché »). Outre le fait d’avoir peu de marge de négociation, le fondateur risque de n’être plus le boss ou de voir le projet industrialisé à outrance (donc perdre son agilité), intégré et/ou aspiré financièrement.

=> moyens pour s’en prémunir : anticiper une vente à bon prix, donc se mettre une pression pour sortir du cash. Pour cela, renforcer dès le départ ses propres compétences, ses équipes, ses mentors et actionnaires indépendants. Pas de cash, c’est le clash assuré disent les experts.

Le risque des « middle cap » : par manque d’accompagnement initial (coaching perso véritable et business), le créateur n’a pas consacré le temps et les moyens pour se former, mâturer le projet. Ces entrepreneurs n’étant ni des solos ni des bêtes à concours de start-up, veulent développer des vraies entreprises (5- 10 personnes au moins) et des beaux business. Or, le risque d’enfermement solitaire constaté depuis 20 ans est d’autant plus d’actualité que la crise rend les contacts traditionnels du créateur peu « partageux ». « Les conseillers fenêtres invitent à ouvrir. Les courtisans miroir à refléter. Ces derniers sont dangereux pour l’innovation » explique Christian Monjou.

=> moyens pour s’en prémunir : concevoir qu’être entrepreneur n’est pas un statut mais un véritable apprentissage qui nécessite entre 2 et 3 ans pour faire mûrir le business et le ou la pilote du beau véhicule qu’on veut voir gagner la course. Se positionner en vrai chef de SON projet, être exigeant dans son accompagnement initial et consacrer du temps et de l’argent à cette préparation ce qui n’est ni plus ni moins que savoir bien labourer un sol avant de planter des bonnes graines sans OGM (objectifs grossièrement magouillés).

Eh oui derrière les encouragements ou injonctions à innover, créer, se lancer, il y a bien l’invitation à développer pour tous son capital entrepreneurial et financier qui concourent toujours à créer de la valeur pour l’actionnaire. Même quand on est son propre actionnaire.

* Pour ne citer qu’elles parmi les motivations à entreprendre : « mettre en œuvre un projet », « acquérir son autonomie », « trouver un travail » (…) du côté des créateurs ou « trouver des clients » pour les prestataires du marché de la seule création (2,5 Mds d’€), « justifier ses subventions » pour certains organismes, « vendre un territoire » pour les élus, « susciter l’innovation et la prise de risque » pour les grandes entreprises…