Depuis plus de 15 ans la France est en ébullition entrepreneuriale.


La France entrepreneuriale réalise un taux de réussite, au sens pérennité à 5 ans, des créateurs proche de 30%, avec en moyenne 1,4 emploi créé. Le sujet n’est pas ici de savoir comment elle pourrait faire mieux (lire l’article sur la nécessaire désintoxication salariale). Il s’agit juste de porter un regard clarifiant sur la start-up que serait (ou pourrait devenir) la France.

L’ébullition est devenue startupienne. Ne pas avoir dans son entourage un startupeur relève de l’exclusion sociale, économique, financière, culturelle et même politique. Un vrai “hasbeen” d’autant que plus fort que tous les standards qui y sont associés sont entrés dans les allées du pouvoir.
Quand j’entends notre nouveau Président promettre une « France start-up », je me prends à sursauter. De joie parce qu’effectivement il était grand temps de changer les codes (et pas seulement les dress-code ou les codes informatiques).

Néanmoins, après ce saut enthousiaste et après avoir écouté Xavier NIEL sur BFM parler de station F, force est de constater que l’entrepreneuriat pour tous, du moins cet entrepreneuriat là, ne sera pas plus ouvert que quelque système des grandes écoles qui soit. « Darwinien » explique Xavier NIEL, ce qui en bon français signifie « hyper sélectif » et correspond bien  à la réalité et la nécessité. Pensez 10 % d’élus pour entrer dans les programmes d’incubations sérieux, puis, 10 % de réussite à la sortie. C’est dire s’il faut que les winneurs gagnent beaucoup pour amortir l’incubation des autres.

Si nombre de candidats statupeur français savaient ce qu’est la réalité de vraie start-up, cela ne les pousserait pas tous à vouloir en faire partie. Même si cela force l’admiration ! De quelle start-up parle-ton depuis que tout est start-up ?

La start-up pilotée par un brillant geek ne rêvant que de la revendre au plus offrant ? Juste parce que l’histoire est belle et qu’elle peut « faire de la data » qui vaudra de l’or demain ?
La start-up poussée par un marketeur au top qui devra revendre la future cash-machine au grand groupe qui l’attendait au coin du bois via un « aspirateur à talents » format incubateur dès qu’elle sera en panne de trésorerie précisément ?
La start-up qui est « une entreprise cherchant son modèle » comme je l’ai entendu récemment ? Bigre, ça en fait du monde alors.
La start-up du développeur numérique qui vient additionner sa solitude à celle d’autres geek solo dans des espaces de coworking ?  L’espérance d’une nouvelle intelligence collective ?

J’applaudis à la start-up qui est d’abord une personne, ou mieux une équipe fondatrice, qui prend beaucoup de risques, innove, passe les premières épreuves, sait écouter, a trouvé un bon écosystème pour la doper, travaille durement (200%) et s’appuie sur une équipe forte, compétente avec un management authentiquement entrepreneurial. Celle qui tient à rester en France et y recruter en s’appuyant sur un management libérateur d’énergies. Ouf ! S’il s’agit de ce modèle là, oui j’en veux et sursaute de joie.
En tant que citoyen et en tant que contribuable, j’espère que mon beau pays fera mieux que les quelques % qui arrivent à leurs fins, même si bien sûr, c’est la règle dans une économie libre.  


La startup est un modèle bien particulier.

Certes en croissance. Certes passionnant. Mais l’archétype d’un entrepreneuriat propre au monde hyper connecté, hyper mondialisé, hyperfinanciarisé, hypersélectif. C’est ainsi.

Tous startuppeurs ? Non assurément.

Nombre de start-up sont cosmétiques ou du moins marketing. Faire croire à un magnifique cheval du Perche ou un sympathique Baudet du Poitou qu’il peut gagner à Chantilly, fait bien sûr un beau thème de pub même si c’est (statistiquement du moins) mensonger. Dans la vraie start-up, le dirigeant peut hypothétiquement gagner gros parce qu’il joue gros et peut perdre beaucoup de son argent/énergie/temps investi.
Ne faudrait-il pas moins de prétendants startup mais des vrais ? Ne faudrait il pas plus d’entrepreneurs peut-être moins bling-bling, mais qui marchent pour de vrai ? Beaucoup plus d’entreprises dites “classiques” qui ont bien sûr intégré la dynamite numérique pour faire plus et mieux. Beaucoup de création qui visent à créer de la valeur, des équipes (même 2 ou 3) plus que sauver du chômage leur créateur (motivation parfaitement respectable au demeurant )?
Bien sûr, comme le rappelait notre Président à l’inauguration de Station F, « En marche » est un bel exemple d’une start-up qui a bien réussit son entrée sur le marché via une écoute bien musclée des clients, une communication bien rodée et des financements bien boostés. Tout ça avec au départ bien peu de monde qui y croyait. Il fallut quand même un porteur de projet hyper exceptionnel et un réseau de soutien tout autant, non ?  

Si la France « modèle start-up » gagne, ce seront bien sûr nos dirigeants qui pourront s’en attribuer la paternité (et aussi la crème des entrepreneurs qui auront réussi leur lancement). Si elle perd, ce seront les contribuables qui vont trinquer. Car le modèle incubateur est un modèle de riche. Xavier NIEL et tous les associés de Stations F peuvent accuser le coup financier de l’énorme déperdition entre les candidats et les gagnants. En plus, ils savent sélectionner à l’entrée et réellement booster par la suite. Ce que nos 2000 milliards de dettes publiques, nos mythes égalitaristes et le faible niveau de culture d’accompagnement interdisent à l’entreprise France.
L’entreprise dite classique qui ne se la joue pas start-up est elle disqualifiée pour autant ? Heureusement non. Elle va quand même progresser, réussir et au bout du compte créer de la valeur et des emplois. Cette entreprise là doit être tout autant valorisée et soutenue. Avec la même exigence de posture du créateur qui paye en énergie/temps/argent/compétences.
Dans la start-flop, la start-blingbling, la start-dream, la start-bullshit, la start-contrainte, c’est toujours le créateur qui trinque car banquiers et consors prennent leurs garanties et les structures d’accompagnement à financement publics ne justifient pas d’une compte de résultat à long terme.
En fait pour que la startup France à la mode Présidentielle gagne, il va falloir que toutes les entreprises gagnent, les start-ups et les pas start-ups.

Pour ce qui est de la réussite des créateurs qui ne seraient pas pile poil au départ les hyperwinneurs que StationF recherche, ça tombe bien on connaît les clés de leur réussite future. D’abord besoin de contrer les pubs de « l’entrepreneuriat facile« , « lancez-vous« , « allez-y, tous capables« , « on-est-là pour vous« , « vous serez super bien accompagné« , « zavez vu mes beaux locaux pour vous héberger ». Ensuite les placer dans un écosystème exigeant et fertile où la croissance du dirigeant est la première condition de réussite de son projet. Hors à ce jour, plus de 70 % des 500 000 créateurs ne demandent que ce que les acteurs qui sont veulent les accompagner leur propose : des subventions, des aides pour les statuts, des business plan tout fait et des m2 à pas cher. 

Au moins 350 000 créateurs sont à convertir aux vertus de la réussite qu’on attrape avec les dents, avec le cœur, avec les tripes, avec des sous et avec des super professionnels qu’on est aller vraiment sélectionner pour nous booster pas nous coocooner. Tout ça pour le double bonheur d’avoir en premier convaincu des clients, ensuite vivre de son art  et enfin avoir fait grandir sa « holding personnelle ». Tous les décideurs et les pro de l’accompagnement découvrent chaque semaine un webinar gratuit qui leur en parle très bien. 😉