Dans le petit monde agité du bilan de compétences, les professionnels sentent bien que l’éducation professionnelle n’est pas la priorité gouvernementale et paritaire. Et derrière la belle intention de donner le pouvoir aux salariés de s’auto-piloter dans une désintermédiation à tout va, il y a la réalité d’un discours plus publicitaire que social. Ci-dessous notre intervention sur ce sujet, dans le cadre de la pétition de l’Association syndicale des Centres de Bilan de compétences. ************* La formation, les accompagnements professionnels, la création d’entreprise deviennent des marchés sans intermédiaires. Or, les financements publics se raréfient et surtout, ils sont soumis à des principes de suivi et de contrôle purement quantitatifs et statistiques. Les marchés de la prestation professionnelle aux particuliers ou d’appui à la création d’entreprise, sont donc investis par des acteurs à haut potentiel publicitaire et marketing, qui capitalisent de plus en plus sur la relation directe avec des utilisateurs qui deviennent de ce fait et rapidement des clients non-payeurs de surcroît. Ainsi donc, le salarié, qui hier sous-traitait intégralement son parcours professionnel à ses patrons ou ses DRH, se retrouve responsable de son parcours, de sa sécurité financière, professionnelle et familiale, de son épanouissement personnel et social… ce qui revient à la belle injonction de gagner les 24h du Mans sans avoir pris de leçon de pilotage. Ces salariés, démunis quant aux critères de choix et de mesure qualitative de prestations immatérielles, peuvent donc rapidement acheter n’importe quoi. La grande Distrib’ RH est sur les rails ! Initialement démunis sur ses besoins réels quand ce n’est pas sur ses motivations profondes, le travailleur file direct vers l’ubérisation galopante de ses talents. L’émotionnel, les promesses et la promotion d’une vie belle et facile ou au succès assuré fleurissent déjà. Tout comme pour d’autres marchés, seuls les plus avertis et les plus éduqués survivent. Les autres ? Ils sont condamnés à acheter des aliments pathogènes pour nourrir leurs appétits de réussite ou de sécurité, en faisant confiance au packaging et à la marque promue par quelque star, comédien ou bénéficiaires fétiches des dits-prestataires. Donner aux personnes le temps et des moyens professionnalisés pour une libre et juste information sur leurs besoins et leurs envies profondes est, dans ce contexte, non seulement une oeuvre de salubrité publique et sociale mais, bien plus, le seul moyen que nos talents continuent à être les moteurs des succès économiques et sociaux. Le décodage des offres de formation ou d’accompagnement relève d’une protection évidente et nécessaire du salarié. Or, en devenant consommateur de ses propres outils de développement personnel, il est moins protégé que s’il achète un bien immobilier bénéficiant d’un diagnostic obligatoire indépendant. Notez qu’il en va de même pour le diagnostic automobile, ou les informations de contenus de produits alimentaires… un comble ! « L’entreprise de soi » doit devenir un standard, qui donnera, grâce au bilan de compétences salariales ou entrepreneuriales, les vrais moyens aux travailleurs de devenir les véritables acteurs de leur parcours.(cf livre aux éditions GERESO) Ce standard doit naturellement faire l’objet d’un soutien des pouvoir publics, d’une professionnalisation soutenue des acteurs, mais aussi d’un travail sur la qualité des prestations fondées sur des critères qui doivent dépasser les seules intentions déontologiques ou le respect actuel de process administratif.. Sur le terrain du bilan de compétences entrepreneurial, la FNPAE s’y est engagé et propose déjà une codification soumise à l’intelligence collective.